” Les araignées, un patrimoine vivant sur huit pattes “

Par Christian Roy.

Conférence du 26 mai 2025

La dernière conférence prévue de l’année, n’ayant pu avoir lieu suite au désistement de  M. Poton, Christian Roy, sollicité, a accepté de présenter ” les araignées un patrimoine vivant sur huit pattes “, un patrimoine mal connu et bien souvent, à tort, mal aimé. C’est cette mauvaise réputation que Christian Roy à travers ses nombreuses photos et ses explications très didactiques a tenté de corriger. Et il a réussi au vu des réactions étonnées et positives du public venu encore très nombreux.

En prologue de la séance, Gilberte Goubault, a raconté la légende d’Arachné à l’origine du mot ” arachnologie “. Arachné était une jeune fille au talent exceptionnel pour tisser. Elle osa défier la déesse Athéna qui, furieuse, déchira sa toile. Arachné, humiliée, se pendit. Athéna prise de remords lui accorda une seconde vie en la métamorphosant en araignée suspendue à jamais à son fil et condamnée à tisser pour l’éternité. 

Christian Roy a pris ensuite la parole de façon plus scientifique.

Les araignées sont des invertébrés, de l’embranchement des arthropodes et de la classe des arachnides, comme les scorpions, les pseudo-scorpions, les acariens et les opilions. il existe 41700 espèces dans le monde 1710 en France et 450 en Vendée selon les chiffres de 2014. 

Pour faire l’inventaire des réserves en Vendée, on utilise plusieurs méthodes de prospection : le piège à succion, sorte d’aspirateur thermique, le battage des branches basses des arbres, le fauchage avec le filet à papillons, le tamisage de litière (les feuilles remuées sur un tamis laissent tomber les araignées).  Le matériel d’observation sur le terrain comporte une loupe (certaines espèces en effet ne mesurent qu’un ou deux mm.), des flacons et tubes pour les y conserver.

Quelles sont les différences entre les insectes et les araignées ? Le corps des insectes est constitué de trois segments  (tête, thorax, abdomen), avec deux yeux à facettes et six pattes. Les araignées, elles, ont deux segments (céphalothorax et abdomen) en général six ou huit yeux simples et huit pattes. 

Sur les 450 espèces existant en Vendée, Christian Roy en a présenté une vingtaine en les classant en deux familles selon leur méthode de chasse : les araignées à toile et les araignées errantes.

Il existe plusieurs sortes de toiles : les toiles en tunnel comme celle fabriquée par la tégénaire des maisons, responsable de l’arachnophobie, les toiles en nappe, faites par exemple par l’érigone et le pholque (l’araignée des caves), les toiles irrégulières en réseau, comme celle des théridions, les toiles tubulaires en étoile (ségestries), la toile bleue d’araignée cribellate, les toiles orbitèles typiques à moyeu fabriqué par les épeires, les toiles en triangle, faites par les hyptiotes, les toiles géométriques à moyeu absent par les tétragnathes et les toiles pouponnières (les pisaures).

Les araignées errantes, elles, ne font pas de toile. Elles capturent leurs proies, de jour comme de nuit (les araignées nocturnes ont des yeux lumineux, comme les clubiones des écorces), en utilisant divers stratagèmes.  La misumène variable s’adapte en quelques jours à la couleur de son support comme le caméléon. les araignées loups courent pour capturer les insectes. D’autres araignées comme la tarentule se tapissent dans un terrier. Enfin il existe des araignées sauteuses (les saltiques arlequin, carotte, fourmi), des araignées dites pirates se déplaçant sur les toiles faites par d’autres pour prendre leurs proies et les araignées cracheuses des maisons qui envoient un double jet d’un liquide immobilisant leur victime. 

L’auditoire conquis a fait de nombreuses découvertes apprenant par exemple que l’araignée a de trois à douze mues dans sa vie qui dure en général un à deux ans, sauf pour la petite mygale à chaussettes qui vit jusqu’à dix ans; qu’il n’existe pas d’araignée mortellement venimeuse en France; et qu’elle ne mange pas sa proie mais aspire l’intérieur de son corps après l’avoir liquéfié par injection d’enzymes.

Par ailleurs les macrophotos de Christian Roy ont permis d’admirer des spécimens aussi divers que l’araignée Napoléon, l’érèse coccinelle (l’araignée de velours) et les corps, d’un ou deux millimètres seulement, ornés de dessins délicats et symétriques. La nature est vraiment extraordinaire !

Et c’est bien souvent réconciliés avec ses petites bêtes mal aimées que les participants se sont retrouvés autour du dernier vers de l’amitié de l’année. 

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