Célestin, Clémentin CHARTRON

Luçonnais géologue, paléontologue et archéologue amateur

par Jean-Marc Viaud(1) et Michel Cougnon(1).

Pour terminer l’année civile, l’association a mis à l’honneur un Luçonnais connu des scientifiques mais ignoré de ses concitoyens. Sur leur demande, MM. Jean-Marc Viaud et Michel Cougnon, devant un public averti, ont présenté « Célestin Chartron », luçonnais, géologue, paléontologue et archéologue amateur décédé il y a juste 100 ans.

Monsieur Viaud prend le premier la parole pour développer la biographie de Célestin Chartron. Il naît le 20 novembre 1843 à Luçon et y décède, le 13 juillet 1924, dans sa maison au 1 rue Sainte-Marguerite (actuellement Henri Renaud). Marié en 1876, il a un fils un an plus tard, qui meurt en 1912. Toute son activité professionnelle se déroule en Sud-Vendée, comme receveur municipal à Luçon jusqu’en 1897 puis comme assureur.

À ses moments libres, il se consacre à la paléontologie et en particulier à tout ce qui est petit, comme les gastéropodes du début du Jurassique. Ce qui s’accompagne de l’étude des terrains (géologie) et de fouilles (archéologie). La zone privilégiée de ses recherches s’étend autour de Luçon : Mareuil-sur-Lay, Simon-la-Vineuse, Sainte-Hermine, Saint-Cyr en Talmondais etc. jusqu’aux Deux-Sèvres. Les moyens de locomotion de l’époque (voiture à cheval, automobile parfois) limitent en effet les déplacements. De plus la zone est suffisamment riche en formations sédimentaires fossilifères pour être longuement étudiée. Mais les cartes géologiques d’alors manquent de précision, ce qui complique ses recherches.

                      M. Chartron fait partie de sociétés savantes : la Société géologique de France (adhère en 1880), avec laquelle il fait des excursions dans tout l’ouest (Deux- Sèvres, Normandie, Loire-Atlantique), la Société d’émulation de la Vendée (en 1906), la Société géologique et minéralogique de Bretagne (créée en 1920). Il entretient une correspondance importante avec des savants comme MM. Jules Welsh de Poitiers, Eugène Eudes-Deslongchamps de Caen et publie le résultat de ses recherches de 1887 à 1924.  M. Cossmann donnera le nom de Chartron à une dizaine de nouvelles espèces de fossiles, ce qui prouve la considération de ses pairs pour ses connaissances et la qualité de son travail.

                      M. Chartron rassemble ainsi une collection très importante de fossiles. Il en cède de son vivant comme au séminaire de la Flèche, à la Faculté libre d’Angers mais l’essentiel est légué au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, soit 6 611 lots de fossiles, à 90% d’invertébrés marins et avec 112 types et figurés. Cette collection a été étudiée en 2015 par le paléontologue Jean-Yves Reynaud. Michel Cougnon, intéressé lui aussi par les fossiles de petites taille, a repris de son côté les travaux de Célestin Chartron. La collection de cartes géographiques anciennes de Mr Chartron, propriété de la municipalité de Luçon est aujourd’hui en dépôt aux Archives Départementales de la Vendée (fonds 24 Fi).

 À côté des fossiles, M. Chartron avait une collection préhistorique importante (notamment de haches bifaces). C’était au début la collection de Benjamin Fillon, qu’il avait acquise puis enrichie. Il la vendra de son vivant en 1922 à la municipalité de Fontenay (Musée vendéen). 

Pour terminer cette riche biographie, M. Viaud présente le problème des origines des buttes coquillières de Saint-Michel-en-l’Herm (naturelles ou artificielles ?). Dès 1892, M. Chartron avait estimé que l’origine en était anthropique (origine humaine) ce qui sera confirmé par la suite.

M. Viaud laisse alors la parole à M. Cougnon, spécialiste des travaux paléontologiques de Célestin Chartron, pour répondre aux questions pointues du public. Enfin, comme à l’accoutumée, la soirée se termine autour du verre de l’amitié.                  

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