L’ ASTRONOMIE AU TEMPS DE RICHELIEU

Le lundi 4 mars, l’association Luçon Patrimoine Histoire Richelieu conviait à une conférence, Salle des Fêtes, sur le thème « l’astronomie au temps de Richelieu » par Olivier Sauzereau. Sujet qui, au premier abord, pouvait sembler ardu à certains mais qui s’est révélé plein d’intérêt, tant le conférencier a mis de passion dans son exposé. Sans notes, s’appuyant sur une riche iconographie, avec beaucoup de connaissances mais aussi d’humour et de simplicité, il a vite conquis et emmené son nombreux auditoire dans le passé et dans l’espace.

Monsieur Sauzereau commence par se présenter : astrophotographe, docteur en histoire des sciences à Nantes, grand voyageur, auteur de livres, notamment sur Jules Verne, il se définit comme « médiateur en culture astronomique ». Le sujet de l’astronomie au temps de Richelieu étant très complexe et très vaste, M Sauzereau nous assure qu’il ne peut faire qu’un « survol » qui va captiver l’auditoire tout de même pendant près de deux heures.

L’époque de Richelieu (1585-1642) correspond à la période de transition entre l’astrologie judiciaire et l’astrologie naturelle, c’est à dire l’astronomie. On passe en effet de l’astrologue, conseiller des rois, au savant moderne. Fénelon, dans le dialogue n°72 de ses « Dialogues des Morts », fait dénoncer par Richelieu la place de l’astrologue et son pouvoir trop important comme conseiller, à l’instar de certains mages tels Nostradamus et Ruggieri, favori de Catherine de Médicis. Richelieu est le contemporain de mathématiciens et astronomes comme Galilée, Descartes, Kepler, Gassendi, le Père Mersenne qui vont faire évoluer les connaissances en astronomie.

Depuis l’antiquité, les astronomes (Aristote IVe siècle avant J.C.) savent que la terre est ronde et « flotte » dans l’espace, mais pensent qu’elle est fixe, au centre de l’univers et que tous les astres tournent autour d’elle. Ce système planétaire est entièrement fermé par une sphère. C’est un univers clos.

Cette conception n’évolue pas jusqu’à Copernic (1473-1543) qui propose une autre théorie : la terre est une planète comme les autres, qui tourne autour du soleil. La révolution copernicienne remet donc en cause les lois fondamentales considérées comme acquises (le géocentrisme). Cette solution entraîne des répercussions religieuses et philosophiques : si la terre est un astre comme les autres, les astres inversement sont des terres. Que deviennent alors nos rapports avec Dieu, avec le cosmos ? Une telle conception provoque la résistance des savants conservateurs et de l’Eglise. Ainsi Gordiano Bruno(1548-1600) qui est l’un des premiers à rompre avec la conception aristotélicienne et à défendre la thèse copernicienne humaniste, panthéiste et ouverte à d’autres mondes, est accusé d’hérésie par l’Inquisition et brûlé vif.

Tycho Brahe (1546-1601) démontre que la théorie d’Aristote est fausse et imagine un système hybride (conception géohéliocentrique). Kepler (1571-1630), assistant puis successeur de Tycho Brahe, découvre les lois du mouvement des planètes. En 1609, Galilée (1564-1642) se rend célèbre par l’invention du concept de la lunette astronomique et prouve qu’il existe d’autres mondes. Rallié au système héliocentrique de Copernic dont l’œuvre a été mise à l’index en 1616, il est condamné en 1633 par l’Inquisition et obligé de se rétracter « Eppur si muove » (et pourtant elle tourne). C’est un choc terrible pour l’Europe savante, ce qui entraîne notamment l’exil de Descartes.

Le dernier astrologue est Jean-Baptiste Morin de Villefranche(1583-1656). Richelieu, en 1634, nomme une commission pour expérimenter sa thèse sur le calcul des longitudes. Grand Maître et Surintendant de la navigation depuis 1626, il est en effet très attentif à cette question importante pour les marins. Le Père Mersenne (1588-1648) est la référence à son époque de la science moderne. « Boîte aux lettres » de toute l’Europe savante, il est au centre de l’activité scientifique de son temps. En 1667, est crée l’Observatoire Royal de Paris. La France devient le centre des sciences. Monsieur Sauzereau a été longuement et chaleureusement applaudi. Peu de questions lui ont été posées, tant l’exposé était à la fois complet et facile à suivre. Toute l’assemblée s’est retrouvée ensuite pour le verre de l’amitié

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *