Jardin Dumaine : l’embellissement du jardin (septième épisode)

Le portail

A la cession du 12 août 1891, le maire, M. Deshayes, pose le problème du portail du jardin Dumaine : il est vieux, en très mauvais état, le bois est pourri. Il propose donc de le remplacer par un portail en fer. Et il serait bon, à la place du mur actuel, de prévoir, depuis la mairie jusqu’à la maison Bizet, en même temps, une grille plus esthétique. On ferait d’abord le portail, puis la grille quand les moyens financiers le permettraient.

Le 8 novembre, M. le Maire communique au Conseil le plan et le devis dressés par M. Bordelais, architecte de la ville. La dépense est évaluée à 1860 f. Le Conseil donne son accord et les travaux sont adjugés à MM. Bleinus et Prieur le 28 décembre. Ils commencent aussitôt. La séance du 28 février 1892 mentionne la construction du portail en serrurerie. Le 19 novembre, M. le Maire propose le remplacement du mur par une clôture en serrurerie et un second portail en harmonie avec le premier récemment construit, pour donner de la rue au jardin un aspect en rapport avec son importance. M. Bordelais a évalué la dépense à 4000 f. Avec accord du Conseil les travaux sont réalisés en 1893.

Un autre problème est alors soulevé : si,de la rue, on a une jolie vue sur le jardin à travers les grilles, ce n’est pas le cas en sens inverse: du jardin on voit la remise de M. Chauveau, qui, à côté de plusieurs immeubles neufs ou en très bon état, fait un effet déplorable. M. Bordelais a estimé les travaux d’embellissement de sa façade à 203,66 f. M. Chauveau est d’accord pour que la ville prenne en charge ces travaux, à condition qu’elle garantisse aussi les dégradations, les éboulements du mur qui pourraient en résulter. M. Chauveau gagne ainsi sur tous les tableaux.

Le belvédère

Une seule mention est faite de sa construction lors de la session du 23 février 1889 :

“Etablissement d’un cirque sous le grand cèdre du jardin public”. M. le Maire communique au Conseil le plan de M. Bordelais pour l’établissement d’un cirque de 8 mètres de rayon sous le grand cèdre du jardin public. Ce rond-point sera formé du côté nord par un mur de soutènement ayant son point de centre au cèdre et surmonté d’un garde-corps en pierre des Charentes. La dépense sera prise sur le crédit affecté à l’entretien du jardin.

Le Conseil donne son approbation. Le 29 juin 1907, il la donnera également pour créer, sur proposition de M. Laidet deux allées latérales au rond-point. Elles faciliteront la circulation et dégageront le cèdre étouffé par les branches des arbres l’avoisinant.

Les vases de Sèvres

On ne trouve étonnamment aucune mention de ces vases dans les délibérations du Conseil jusqu’à la session du 17 octobre 1906, lorsqu’il est question de créer le service d’eau et de les déplacer des portails vers les massifs créés autour du futur bassin des naïades.

Les apports décisifs de Julien David

Le 9 juillet 1890, M. Deshayes,maire, rappelle au Conseil que dans une séquence précédente( non retrouvée), un donateur généreux a proposé de faire construire à ses frais un kiosque au jardin Dumaine, à charge pour la ville de lui payer les intérêts de la somme dépensée, sa vie durant.

Portrait Julien David

Ce “donateur généreux” est Julien David, notable de Luçon, très engagé dans la vie politique (comme conseiller municipal et membre de la commission du jardin Dumaine en 1898), sociale (en tant que membre de plusieurs associations) et culturelle (président de la société philharmonique de 1884 à 1890). Divorcé, sans enfant, il jouit d’une confortable fortune qu’il met volontiers au service de la communauté, comme bienfaiteur des pauvres et mécène. C’est ainsi qu’en 1890 il décide d’offrir à la ville un kiosque à musique pour abriter les musiciens de la philharmonie qui jouaient jusqu’alors en plein air, sous les quinconces sur une estrade en mauvais état et subissaient les aléas climatiques. Le Conseil ayant donné son accord de principe, une commission de cinq membres est nommée : M. Cloître, M. Laidet, M. Hoënig (le chef de la Société philharmonique), M. Phelipon et M. Daviau

Le kiosque

A la session ordinaire du 9 mai 1891, M. Daviau , rapporteur de la commission présente les résultats de la convocation du 21 avril 1891, concernant les différentes possibilités tant sur le modèle du kiosque à retenir que sur son emplacement.

kiosque en 2018

-Premier problème : le choix du modèle. Un budget de 7000 à 8000 f avait été fixé.Mais, pour cette somme-là, les modèles proposés sont trop simples et peu gracieux.La majorité de la commission s’est accordée sur le modèle soumis par la maison Jouffray d’Orléans mais voilà : le budget sera largement dépassé. Le kiosque seul coûte 9000 f, auxquels il faut ajouter les frais annexes de construction : le soubassement, le plancher, la peinture et l’installation du gaz reviendront à 5000 f minimum. La ville ne peut payer l’intérêt fixé à 5% sur 14000 f.

La commission s’est donc rendue auprès de M. Julien David pour lui demander son avis. M. David s’est prononcé lui aussi d’emblée pour le projet de la maison Jouffray. Reste l’obstacle du remboursement. Le rapporteur conclut ainsi : ” M. J. David dont les sentiments sont bien connus de tous pour la musique et aussi pour le bien général, a répondu que, pour un capital de 14000 f environ, il se contenterait d’une rente annuelle de 550 f soit 3,92%. Nos remerciements les plus sincères pour cette nouvelle preuve de désintéressement “. Le prix définitif sera de 14765,78 f.

-Deuxième problème : l’emplacement du kiosque. La question ne laisse personne indifférent : commission, conseil municipal, Luçonnais, tout le monde a son avis et rien n’est réglé. La majorité veut placer le kiosque à l’angle de la première pelouse, le plus près possible des quinconces. M. Deshayes et M. Phelipon ont une préférence pour l’axe du cèdre, M. Daviau pour la pelouse du côté du cèdre, portion du jardin un peu délaissée, M. Laidet pour l’emplacement sous les quinconces où joue ordinairement la musique. La commission suit la proposition de M. David qui est pour l’angle de la première pelouse, mais M. Laidet maintient sa position.

M. Deshayes propose de mettre alors au voix les conclusions du rapport. La séance devient houleuse: M. Laidet demande que le Conseil vote sur sa proposition de construire le kiosque sous les quinconces. M. Deshayes lui fait remarquer que, pour être juste, il faudra voter pour tous les emplacements proposés. De fait M. Phelipon demande que sa proposition d’établir le kiosque sur la grande pelouse sous le cèdre soit soumise au vote du conseil. Le maire met donc aux voix la proposition de M. Laidet, qui est repoussée. L’avis de M.Phelipon après un vote douteux (on ne sait pourquoi) et recommencé est adopté. Le kiosque sera donc construit sur la grande pelouse vers le cèdre. Le reste du rapport mis aux voix est adopté.

-Troisième problème : l’entretien du kiosque au fil des années

La session extraordinaire du 29 août 1906 nous apprend que la peinture a été refaite par M. Patarin, peintre à Luçon pour 425 f. Elle le sera encore en 1913 ( séance du 23 avril 1913) et en 1934 (séance du 29 juin 1934).Le kiosque avait été assuré en 1891 auprès de la Compagnie Française ” le Phénix “. Sage décision, la séance extraordinaire du 5 août 1911 nous apprend qu’il y a eu un commencement d’incendie et que le plancher et les canalisations de gaz ont été touchés. L’indemnité versée par l’assurance se monte à 60 f.

Peut-être suite à cela, le plancher en 1913 est en très mauvais état (séance du 23 avril 1913). Il faut envisager une dépense de 1000 à 1300 f selon qu’il sera refait en bois comme précédemment ou en ciment armé, plus durable, à condition que cela ne nuise pas à l’acoustique. A la séance du 5 juillet 1913, M. Ayraud, maire, (ayant l’assurance de la maison Jouffray d’Orléans que le ciment armé ne changerait pas l’acoustique), demande l’autorisation de passer marché pour la peinture et la dorure du kiosque avec M. Mourat , peintre à Luçon, pour 470 f et pour le plancher en ciment armé avec M. Jorio, cimentier à Luçon,pour 790 f. Le conseil donne son autorisation.

L’électricité est installée dans le kiosque fin 1914 pour 903,45 f. elle aurait dû l’être dans tout le jardin mais les circonstances politiques (première guerre mondiale) retardent le projet (séance du 19 décembre 1914).

Le kiosque a été entièrement rénové en 2023 avec le soutien de la fondation du patrimoine de Stéphane Bern.

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