La saison 2025-2026 de l’Association Luçon Patrimoine Histoire Richelieu s’est ouverte le 10 novembre dernier. La première conférence de l’année sur ” Le docteur Prosper Choyau, Médecin du XIXe siècle, une vie luçonnaise ” par Mmes Annick Barré Grolleau et Marie Barreau a attiré un très large public. Les deux conférencières, arrière-petites- filles du médecin, ont présenté leur aïeul avec émotion, en s’appuyant sur les archives départementales et familiales.

Prosper Choyau, fils d’un sellier-bourrelier, et deuxième de trois enfants, naît à Luçon en 1842. Il part à Paris étudier la médecine et se fait remarquer en 1865 lors de l’épidémie du choléra qui sévit alors dans la capitale. Son dévouement lui vaut une bourse d’ État jusqu’à la fin de ses études. L’épidémie renaissant à Amiens en 1866, il s’y rend avec douze autres internes et fait preuve là encore d’un très grand professionnalisme. En remerciement, la municipalité lui offre un chronomètre en or (comme aux autres médecins) et à 24 ans, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur. De retour à Paris, Prosper Choyau soutient sa thèse à l’ Hôpital de la Charité sur ” les bruits pleuraux et pulmonaires ” sous l’autorité du professeur Pierre Potain et devient chef de clinique. Il a l’occasion de rencontrer Clemenceau : tous deux font des études de médecine, sont vendéens et partagent certainement les mêmes idées politiques. La guerre de 1870 éclate. La correspondance avec sa famille donne de nombreux détails sur son déroulement et la vie difficile des Parisiens, même si lui, à l’hôpital, en souffre moins. Il s’inquiète aussi de sa famille et du sort des soldats vendéens.
Prosper Choyau revient en Vendée en 1872 et est nommé médecin-chef de l’Hôpital de Luçon. Le 11 juillet 1876, il épouse Eugénie Phélipon. Le père d’ Eugénie, Adolphe, est huissier puis juge. Sa femme Célestine lui donne deux enfants ; Louis (1850-1870) et Eugénie (1852-1931). Mais Célestine est malade et c’est une amie, Françoise Girardière, qui secondée par son mari, s’occupe des enfants. Elle a aussi le soutien de leur oncle Augustin, lettré, pédagogue et affectueux. Célestine décède le 30 septembre 1867. Eugénie quitte définitivement le couvent, elle a alors 15 ans et s’occupe de la maison, 6 rue des Sables. Trois ans plus tard, elle a la douleur de perdre son frère. Ces deux deuils la marqueront à jamais.
De l’union de Prosper Choyau et d’Eugénie naissent quatre filles : Elisa en 1877, restée célibataire, Marie-Louise en 1879 qui meurt jeune, Jeanne en 1884 et Adelina en 1889. Ces deux dernières feront un beau mariage selon les goûts de leur père.
Le docteur Choyau jouit d’une grande considération auprès de ses malades et de ses confrères. Certains l’appellent même de la Rochelle. Car il consacre sa vie à prendre soin de l’autre, ne recherchant pas les honneurs mais soulignant la valeur de l’effort, de l’initiative, de l’ambition. S’il est dur quelquefois avec les autres, notamment en famille, il l’est aussi avec lui même.
De 1895 à 1898,il fait construire Place Edouard Herriot une maison imposante, avec un immense jardin, une orangerie, des serres, des écuries. Un nombreux personnel y travaille. L’automobile remplacera la voiture à cheval. c’est la maison bourgeoise du XIXe siècle, signe de la réussite sociale.

A côté de son métier, il aime s’occuper de ses chevaux et gagne des concours. Il gère également les biens de sa femme, qui a hérité de sa famille et de M. et Mme Girardière, et ceux de la ville comme conseiller municipal pendant trente ans.
En 1900, il continue d’aller à Paris pour se former inlassablement et suivre ses anciens malades. Pendant la guerre de 1914, il se surmène malgré son âge. Il en décède 1e 14 octobre 1917, à son domicile.
Prosper Choyau a marqué sa famille et son temps par sa personnalité au caractère affirmé et son engagement sans faille comme médecin et chirurgien à Paris puis à Luçon. La ville reconnaissante a donné son nom à la rue adjacente à son domicile.1
Comme à l’accoutumée, la conférence s’est terminée par le verre de l’amitié, réunissant public et conférencières, celles-ci heureuses de l’accueil et de l’intérêt qui leur ont été réservés. Quant au public, il a été ravi de découvrir ou redécouvrir une grande personnalité de Luçon.
- Délibérations municipales 21 juillet 1919 -17 mai 1925 page 109/300 ↩︎
