Jardin Dumaine : cinquième épisode

HOMMAGE A LA MEMOIRE DE PH. DUMAINE

Le  25 mai 1873, M. Godineau, maire, avait proposé au conseil ” de payer à la mémoire de M. Dumaine un juste tribut de reconnaissance et de remerciements pour le legs constitué à la commune de Luçon “. Le Conseil avait approuvé à l’unanimité.

Le 12 août 1875, M. Vrignaud, membre du conseil, émet le voeu qu’à l’avenir le jardin public porte le nom de son donateur et devienne le jardin Dumaine. Là encore, le Conseil approuve à l’unanimité. 

Mais c’est seulement à la session extraordinaire du 23 décembre 1876 qu’une marque de reconnaissance concrète est décidée : sur proposition de M. Merlan de Chaillé, le conseil décide d’ériger un buste de M. Dumaine dans le jardin de l’Hôtel de ville. L’exécution sera confiée à un sculpteur de talent (on ne peut moins) et il sera donné suite à ce projet… dès que les finances publiques le permettront.

Le 8 juin 1877, le Conseil vote donc 2000 f pour la réalisation du buste. Mais, là encore, bien des années vont passer …

Il faut en effet attendre le 13 août 1892 (soit 15 ans) pour que le sujet refasse surface, suite à la démarche d’un sculpteur vendéen, monsieur Jules Robuchon1. M. Deshayes, maire, communique au Conseil la lettre qu’il en a reçu : l’artiste fontenaisien propose de réaliser deux bustes en plâtre de M Dumaine et de M. Beaussire. Pour preuve de la qualité de son travail, M. Robuchon a joint à sa lettre la photographie du buste de Nicolas Rapin qu’il a exécuté pour la ville de Fontenay. Le conseil est d’accord sur le principe, demandant que le buste de P.H. Dumaine soit fait en premier et qu’il soit en bronze, puisque, placé à l’extérieur, il sera soumis aux intempéries. A combien se monterait le devis ? M. le maire doit se renseigner auprès de M. Robuchon sans prendre d’engagement envers lui.

Le 19 mai 1894, M. Poissonnet, conseiller municipal, s’étonne et s’énerve que ce projet ne soit pas encore exécuté : “si l’administration n’a pas sous la main un artiste à qui l’on puisse confier l’exécution de ce buste, que l’on s’adresse ailleurs, à Nantes par exemple mais que l’on aboutisse promptement”. M. Deshayes, le maire, devant cette attaque, hausse lui aussi le ton. L’administration a fait, dès l’année précédente les démarches. Si le travail n’est pas encore exécuté c’est qu’elle attend, avant la conclusion définitive du marché, d’être renseignée sur la garantie qu’offre l’artiste. Mais si, dans le but d’arriver promptement à l’exécution de ce travail, le Conseil veut nommer une commission, le maire ne demande pas mieux, sa responsabilité sera alors à couvert. Dans le cas contraire, il croit devoir attendre de plus amples informations. Après cet échange musclé, le conseil décide de voter aux chapitres additionnels du budget de 1894 la somme de 3000 f pour l’érection du buste de M. Dumaine et charge l’administration municipale d’en assurer la bonne exécution

Neuf mois plus tard, lors de la séance du 18 février 1895 M. Deshayes annonce que la commission nommée s’est entretenue avec M. Robuchon et que celui-ci a déposé sa maquette à la mairie. D’une très grande ressemblance, elle mesure 0,90 m de hauteur. le buste sera posé sur un piédestal dont les frais s’élèvent à 700 francs, le travail de M. Robuchon et du fondeur étant estimé par ailleurs à 1000 f (frais de maquette, de bronze, de fonte et les honoraires du sculpteur) soit 500 francs pour la maquette et 500 francs pour le bronze. le conseil donne son accord.

Le 20 avril 1895 , le buste en bronze est enfin prêt. Déposé momentanément dans une salle de la mairie, il va pouvoir être placé sur le socle en pierre édifié par M. Bordelais , l’architecte de la ville, en face de la porte de l’Hôtel de ville, dans le prolongement de l’axe de la grande allée du jardin; Seul problème : le fondeur a fait payer 600 f le bronze , contre les 500 prévus. M. Robuchon s’étant engagé pour la somme totale de 1000 f ne demande pas de supplément au Conseil. Mais vu l’honnêteté de M. Robuchon et la qualité de son travail, le Conseil, grand seigneur, décide de lui accorder une indemnité de 100 f.

L’inauguration du buste en grande pompe est fixée au 21 juillet 1895, date de la cavalcade. Afin que toute la population puisse en profiter, il est décidé que la cérémonie se fera après le défilé. M. Bordelais fixe à 300 f le devis des frais d’éclairage mais monsieur Bley trouve ce crédit un peu faible. M. Dumaine a légué un magnifique jardin, le crédit doit être à la hauteur du cadeau et l’argent ne doit pas être ménagé. Après discussion, le conseil décide de porter à 400 f le crédit affecté et de fixer à 20h la fête d’inauguration.

Le buste trônera devant la mairie jusqu’en 1942 date à laquelle il sera enlevé pour être fondu comme beaucoup d’autres œuvres sur les ordres de Vichy. Lors de l’enlèvement du buste, un moulage en fut fait par M. Arthur Chabot , maître plâtrier luçonnais, qui a su mener sa tâche à bien, malgré certaines difficultés de réalisation2 . Il est alors remplacé par un buste de ciment.

En 1972, pour le centenaire du legs Dumaine, la municipalité remet en place un buste en simili-pierre3, buste que nous pouvons encore voir aujourd’hui.

  1. Robuchon Jules né à Fontenay le Comte en 1840 et décédé à Poitiers en 1922
    Il est à la fois sculpteur, photographe et éditeur de cartes postales ↩︎
  2. Journal de la Vendée (n°28 du dimanche 12 juillet 1942) ↩︎
  3. Site de la ville de Luçon ↩︎

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