Pour la dernière conférence de l’année, le lundi 6 mai, l’association avait convié MM Jean-Marie Poirier et Alain Gérard pour nous présenter l’esprit vendéen au travers de portraits.
Monsieur Poirier, ancien directeur de banque et créateur du blog (pose vagabonde) a occupé la première année de sa retraite à rencontrer un vendéen ou une vendéenne par jour, connu ou inconnu, de 16 à 112 ans. Les 365 portraits sont regroupés dans son livre « rencontres vendéennes »1 .
Monsieur Gérard2, historien, a été directeur du centre vendéen de recherche historique CVRH.
Ce dernier développe sa vision personnelle en deux questions :
.- Existe-t-il un état d’esprit vendéen ?
Oui il y a une certaine mythologie locale de l’égalité vue comme un héritage des guerres de Vendée : la Vendée est le territoire le plus égalitaire de France, il n’y a ni très riches ni très pauvres, ni chômeurs ni cadres, ni urbains ni ruraux (pas de grandes villes, usines à la campagne) ce sont « des rurbains ». Sept vendéens sur dix sont propriétaires de leur maison (en France : un sur deux). D’autre part le sens de l’entraide et de l’autre est important : 20% de la population font du bénévolat (125000 personnes). La Vendée est le département où le don de sang (le don le plus désintéressé qui soit) est le plus élevé (suivi du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique, autre région des guerres des Vendée). La Vendée compte 12000 associations, avec souvent une synergie entre les entreprises et les associations (CMO, Puy du Fou) dans lesquelles les hiérarchies sont transgressées (le patron d’une entreprise peut se trouver sous l’autorité d’un de ses ouvriers haut placé dans l’association).
– À quoi est dû cet état d’esprit ?
En 1793, les Vendéens ont connu :
-L’épreuve : avec l’extermination de la population, le pays ravagé, les cadres sociaux disloqués, les consciences que l’on veut inféoder. Les masques sociaux sont dépouillés (avoir, pouvoir, paraître).
-La résilience: ou savoir pardonner et se pardonner
-La force : c’est être soi dans sa fragilité, montrer une force tranquille.
-le don de soi : on a l’exemple des chefs militaires comme la Rochejacquelin « si je recule tuez-moi, si j’avance suivez-moi, si je meurs vengez-moi ». Mais ce n’est pas seulement l’abnégation et le dévouement, c’est aussi croire en l’autre, jeter un regard aimant et exigeant sur l’autre, lui faire confiance. Au 19e siècle, c’est aussi donner ses enfants au clergé pour rechristianiser le pays.
Au 20e siècle, la Vendée n’a pas de matières premières, ni de sources énergétiques, pas de communications, pas de capitaux, pas de tradition industrielle. Mais il existe pourtant « le miracle économique vendéen » dû au fait qu’on s’appuie sur les hommes et leurs capacités. Les entreprises prennent des risques, font preuve de créativité, s’appuient sur un réseau de confiance, ont la fierté du travail bien fait, vécu comme un épanouissement. Les vendéens sont fidèles : on a eu l’exemple d’ouvriers se mettant en grève pour garder leur directeur contre l’avis des administrateurs et inversement un propriétaire donnant son entreprise à ses ouvriers à son départ à la retraite.
Monsieur Poirier a illustré concrètement ces 4 thèmes par 11 portraits pris parmi les 365 réalisés en sillonnant le département. Ils témoignent que l’on peut sortir grandi d’une détresse infinie, que le don de soi peut aider à surmonter le malheur, que la résilience se fait entre autres par le travail associatif car l’épreuve crée la solidarité et vous révèle à vous-même, que des jeunes, handicapés, malades, en déshérence peuvent rencontrer une fraternité de cœur plus forte que les liens familiaux etc…
En conclusion, les Vendéens sont heureux ! Et c’est au fond très satisfaits d’eux- mêmes en tant que vendéens que les auditeurs, après de nombreuses questions, se sont dirigés vers les tables dressées pour partager le dernier verre de l’amitié de l’année.
Bonnes vacances à tous et à bientôt.